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 Ah, Reine Sammut !

Un portrait intime signé par sa fille, Julia

Ce n’est pas si simple de la raconter. Elle est mystérieuse. Elle parle peu. Mais son grand sourire en dit long sur ce qu’elle mijote. Elle a le pouvoir de la cuisine. Ce pouvoir magique de changer l’humeur de ceux à qui elle la fait. De rendre heureux. De rassembler. D’enchanter.

 

À sa table, elle ne dévoile rien, n’annonce pas le menu, ne fait aucun commentaire, ni ne s’enorgueillit... puis elle sert les assiettes et elle observe furtivement les convives. Je dis furtivement parce que je la vois faire. Et là, à cet instant précis, elle nous met un genou à terre. Devant tant de précision et de justesse, de gourmandise et d’histoire, de souvenirs de goûts, de culture culinaire. Des anchois achetés le matin dont elle aura levé les filets pour les servir avec de l’huile d’olive et du vinaigre. C’est tout. Comment ça c’est tout ? C’est pas possible ! Une soupe paysanne du dimanche soir. Pleine de légumes de printemps. Et des morceaux de lard de ses origines natales par endroits. Juste pour le goût. Pour le caractère.

La pasta alla poutargue. Avec une partie de la poutargue mixée à l’huile d’olive pour en faire une sauce qui enrobe tous les spaghetti. Mon Dieu, est-ce bien raisonnable ?

 

La cuisine de Reine n’est pas une invention. La cuisine de Reine pèse lourd de travail méticuleux, de recherches, de connaissances, de gestes appris, de recettes glanées, d’histoires de cuisine écoutées. Elle a le poids du réconfort et de la vérité. Elle a l’élégance du rythme et de l’harmonie. La cuisine de Reine tend les bras.

 

Julia Sammut